
Samedi soir, c’était une sympathique cohue qui animait l’entrée du Familia. Le cinéma municipal affichait complet pour la projection suivie d’un débat du film de Louis-Julien Petit. Deux actrices dont Adolpha Van Meeraeghe* étaient présentes pour échanger avec le public suite à la projection. Le film en deux mots : L'Envol, centre d'accueil pour femmes SDF basé à Anzin, doit fermer ses portes. Les travailleuses sociales du centre (Audrey Lamy, Corinne Masiero et Noëmie Lvovsky) ont trois mois pour s'occuper de la réinsertion professionnelle de ces femmes dont elles s'occupent. Et pour cela, tous les coups sont permis ! Des coups aussi tordus que drôles. Ce sont des actrices amateurs aux profils aussi divers que leurs pseudos qui occupent cette chronique sociale réalisée par l’auteur de « Discount ». On rit, on s’esclaffe, on se navre parfois face à la galère de ces femmes SDF plus livrées à elles-mêmes qu’encadrées. Si il faut soulever une seule vulgarité, c’est celle des institutions qui s’imaginent régler cette détresse humaine à coups de calculettes : seulement 4 % des femmes qui sont accueillies à L’Envol se sont réinsérées, ce qui est jugé insuffisant par la municipalité, qui ne peut plus « continuer à dépenser sans résultats ». Ce qui oblige nos travailleuses sociales à sortir des clous de la légalité, une « désobéissance civile » assumée pointant du doigt les errements de notre société libérale comme les ravages du système capitaliste. A l’image d’Adolpha, qui excelle dans la réparation de mécaniques et autres électro-ménagers promis à la casse. Mais qui n’arrive pas à effacer son passé d’ex-taularde (dans le film comme dans la vraie vie). Ce sont les planches, la culture, qui l’ont sorties de sa condition et elle l’a fait partager au public avionnais sans difficulté, son humour spontané est tellement désarmant. Les cinéphiles ne manqueront pas d’y voir l’influence ou du moins une similitude avec les films de l’Anglais Ken Loach. C’est également un coup de projecteur sur le travail ingrat, chronophage mais sincère, de travailleuses sociales pas mieux respectées que des aides à domicile, c’est dire. Plus d’un million de spectateurs ont vu le film. On peut désormais y ajouter les Avionnais qui n’ont pas regretté leur soirée.
* L’an dernier, elle était à l’affiche salle Aragon de « La vie bien renger d'Adolpha » tiré du livre qu'elle a écrit en 2012. Elle partageait la scène avec Corinne Masiero.